Voyages d'Andersen : Berlin




Après avoir poussé jusqu’en Bavière, Andersen sur le chemin du retour s’arrête à Berlin.
Au contraire des autres villes visitées, la capitale de la Prusse, ne séduit guère Andersen, jugez-en plutôt : « Des rues tirées au cordeau, des palais à l’infini. On est fatigué de tant marcher, de tant de choses à voir. » Pas plus il n’apprécie l’humour berlinois : « On trouve ici le vrai Witz berlinois, et il vaut son pesant d’or, vous pouvez m’en croire surtout s’il fallait l’acheminer par la "schnellpost", il serait tellement lourd qu’il coûterait trop cher, hé oui ! hélas !
Je n’y puis rien mais la vérité est que Berlin, ne m’a pas plu du tout ! »
Ses rencontres lui font un peu oublier ses déceptions. Il fréquente Adelbert von Chamisso, né Louis Charles Adélaïde de Chamissot de Boncourt, ayant fui avec sa famille la Révolution pour s’installer à Berlin comme beaucoup de nobles français, et devenu successivement page d’une reine, officier dans l’armée prussienne, puis poète et écrivain à succès de langue allemande et même botaniste. Andersen se régale de la profusion de représentations théâtrales, visite le musée, où il est choqué par le triptyque de Jérôme Bosch et particulièrement le panneau central où « le jour du jugement était représenté par des images si affreuses et si repoussantes que leur laideur m’ôte toute envie de les décrire ici. »
En quittant la capitale, il remonte "Unter den Linden", la célèbre avenue plantée de quatre rangées de tilleuls, arrive à la "Pariser Platz" et la porte de Brandebourg. Il jette un dernier coup d’œil sur le quadrige coiffant le monument néoclassique inspiré de l’Acropole d’Athènes :
« Je lançai un adieu à la déesse de la victoire qui, avec ses fringants chevaux d’airain, en a vu d’autres que moi. Au temps de sa prime jeunesse, on l’avait placée comme si elle devait conduire son attelage hors de Berlin. Mais comme elle avait vraiment pris la chose au sérieux et qu’elle était même partie jusqu’à Paris, on est allé la rechercher pour l’installer le visage tourné vers la ville. Il est certainement préférable, en effet, que la victoire entre en ville plutôt qu’elle ne sorte. »
Pour ma part et même si je regrette l'absence d'édifices médiévaux, je ne suis pas insensible aux charmes de la capitale, et à l’aube du 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin, je vous souhaite une très belle journée.


Extraits de « Voyages » de H.C. Andersen, éditions Riveneuve, traduit par Michel Forget

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