Lida



L’après-midi, j’arrivai à Lida en train. C’est une ville de 100.000 habitants située dans l’ouest du pays entre Grodno et Minsk, elle fait partie de la voblast de Grodno. Après avoir quitté la gare, je traversai des quartiers populaires pour me rendre à la gastinitsa Lida, le seul hôtel de la ville, où j’avais prévu de séjourner. L’espace d’un instant, je me crus dans une ville d’Ukraine. Le contraste entre Minsk et Lida était saisissant.
L’hôtel Lida est une barre parallélépipédique de six étages à la façade terne et monotone . A l’époque de sa construction, Staline devait être oublié et les architectes revenus sous le diktat de Khrouchtchev à un social réalisme tenant compte des besoins immédiats du peuple réalisent des constructions et oublient les considérations esthétiques. La marque qui fait la particularité de Minsk n’est quasiment pas visible ici.
J’accédai au hall d’entrée de l’hôtel par un large escalier en fin de rénovation. Je m'approchai de la réception. Les réceptionnistes au nombre de trois étaient retranchées à l’intérieur d’un aquarium vitré façon bureau de poste avec hygiaphone des années soixante-dix. Je demandai une chambre. La dame à qui je m’étais adressé, me réclama mon passeport. Je lui tendis la pièce, la réceptionniste se trouva occupée un bon quart d’heure par les contraintes administratives que je venais de lui imposer. Elle me délivra un laissez-passer à mon nom en forme de carte à doubles volets, document qui semblait revêtir un rôle important et qui pourtant ne m’a été d’aucune utilité durant le séjour. Elle me remit la clé de la chambre et m’indiqua la direction de l’ascenseur se trouvant au fond du hall. Les portes automatiques se refermèrent derrière moi, l’ascenseur trembla comme les trains russes au démarrage mais il fonctionnait. A l’étage, un long couloir central et rectiligne filait sur toute la longueur du bâtiment et distribuait des deux côtés vers les chambres.
La chambre était décorée dans un style soviétique remarquable. Un parquet en chêne massif usé par le temps était par endroits recouvert par des tapis russes aux motifs géométriques. Au mur était fixé un poste radio archaïque dépourvu d’interrupteur dont la mise en marche se faisait simplement en branchant la prise au secteur. Sur le bureau près de la fenêtre trônait un vieux téléphone à cadran en matière plastique rouge. La chambre comportait deux lits étroits. Des rideaux de couleur rose tamisaient agréablement la lumière. Je me dirigeai vers la fenêtre et tirai les rideaux. En raison de la chaleur, la fenêtre était ouverte. A l’extérieur, j’apercevais en face un immeuble d’habitation avec des commerces au rez-de-chaussée, à gauche la tour et le mur d’enceinte du château de Lida et à droite la longue Oulitsa Sovietskaya qui se perdait au loin.
Les origines du château de Lida remontent au XIVe siècle mais il a été reconstruit plus récemment suite à sa destruction au XVIIIe siècle.
Le soir, j’allai dîner au restaurant de l’hôtel. La salle paraissait immense et avait des airs de salle des fêtes communale. Je m’installai à une table au fond du restaurant, j’avais le choix, seule une table était occupée par le personnel du restaurant qui dînait et une autre par un couple. Lida est connue pour la qualité de ses bières, et je choisis une brune pour accompagner mon dîner. Je dégustai de délicieux zrazy. Il s’agit d’un plat préparé avec des pommes de terre, de la viande de porc et des champignons, puis cuit au four dans une terrine émaillée recouverte d’un couvercle façonné avec de la pâte à pain.


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