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Affichage des articles du octobre, 2008

Retour par Vilnius

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Mon séjour en Biélorussie se terminait. A six heures trente du matin, le train numéro 305 en provenance de Moguilev quitta la gare de Minsk pour Vilnius. Je partageais le compartiment platzkart avec un couple de Biélorusses. Âgés tous deux d’une trentaine d’années, ils partaient en Lituanie pour une semaine de vacances. Lui était cadre dans une banque biélorusse rachetée par une banque russe appartenant elle-même à une banque française. Il me raconta que quelques jours avant, il avait fait visiter, à travers le pays, les succursales biélorusses à un groupe de cadres français. Il n’était pas sept heures du matin que ce même voisin prit son petit déjeuner sous la forme d’un demi-litre de bière. Le passage des douanes biélorusse et lituanienne se fit cette fois-ci sans surprise. De la gare de Vilnius, je rejoignis l’aéroport en bus. Après avoir embarqué, je constatai au travers du hublot un attroupement autour du réacteur droit de l’avion de la Czech Airlines qui devait me ramener en Fran

Zaslavl

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Zaslavl est située sur la ligne ferroviaire Minsk-Molodetchno à environ une demi-heure de la capitale. A l’entrée du bourg se trouvent réunies trois habitations traditionnelles de la fin du XIXe siècle reconstituées selon les maisons traditionnelles de Russie blanche. Je pénétrai dans la pièce discrètement éclairée par une lampe à pétrole reconvertie par les circonstances en lampe électrique. Cette isba, comme les autres, est entièrement meublée et restitue l’ambiance campagnarde qui pouvait y régner un siècle auparavant. Par ici se trouve un samovar posé sur une épaisse table en bois massif dressée devant les banquettes-lits et par-là, un four traditionnel et un vaisselier entièrement garni. Un escalier grinçant me mène au premier étage où se trouve un moulin à grains. Seule l’absence de quelques moujiks nous ramène à la réalité. La ville s’étend sur une colline et possède deux belles églises. La première est catholique et malgré une façade à la peinture écaillée elle s

Viazynka

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Viazynka est un village situé à trente kilomètres au nord-ouest de Minsk. C’est à cet endroit que le poète biélorusse, Yanka Koupala naquit et passa son enfance. De son vrai nom Ivan Loutsévitch (1882-1942), le poète est célébré dans toute la Biélorussie pour son œuvre et est considéré comme le père fondateur de la langue littéraire biélorusse. Universités et parcs portent son nom dans tout le pays. A Minsk, dans le parc Yanka Koupala se trouve, outre une monumentale sculpture en bronze à sa gloire, le musée fondé par son épouse et qui lui est dédié. A la gare de Minsk, je pris le train régional en direction de Molodetchno. Le tortillard roula durant une bonne heure avant qu'il ne se soit arrêté à la gare de Viazynka, réduite à un simple arrêt, perdue dans une forêt; seules quelques babouchkas venues du village voisin bavardaient sur le quai. Une énorme pierre polie sur laquelle est gravée une citation de Yanka Koupala m’indiqua la direction. En arrivant par le chemin, un p

Narotch

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Le taxi me laissa au cimetière militaire allemand qui se trouve à l’extérieur du village. Un carré délimité par des chaines concentre les croix militaires. 1200 soldats allemands y sont enterrés mais seule une partie des croix sont restées en place. Au bout de ce carré se trouve un monument en grès sur lequel se trouve l’aigle impérial en bronze, ailes déployées. Une plaque datée de juillet 1916 dédie ce monument aux soldats du XXIe Corps d’armée tombés pour la mère patrie. J’investiguai les tombes pour déterminer les régiments d’origine des victimes. Elles étaient issues principalement de régiments de chasseurs montés. Le village de Narotch se trouve à trois kilomètres au nord du lac du même nom. L’état-major allemand de la division se trouvait là au moment où fut lancée l’offensive du lac Narotch en mars 1916. C’est pour répondre aux appels du général Joffre que le tsar Nicolas II choisit la région du lac Narotch pour faire baisser la pression à Verdun. L’armée russe concentrait

Postavy

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Postavy est une ville de 20.000 habitants située dans la voblast de Vitiebsk . Le bus passa à côté d’un chasseur Mig -23 exposé à l’entrée de la ville rappelant qu ’une ancienne base aérienne soviétique passée sous contrôle biélorusse s’y trouve. Le seul hôtel de la ville était complet. Il avait été réquisitionné le jour même pour accueillir des sportifs et les clients tout simplement renvoyés… Une importante compétition devait avoir lieu durant la semaine. La réceptionniste eut pitié de moi et essaya de trouver une solution pour me loger. Elle passa plusieurs coups de fil pour négocier mon gîte. La perspective de devoir passer une nuit à la belle étoile s’éloigna mais l’affaire ne semblait pas acquise. Ma nationalité posait-elle problème ? Elle raccrocha le combiné, griffonna une adresse sur une feuille de papier et me la tendit. Satisfait, je rejoignis la place centrale Alleya Plochad pour prendre le bus en direction du lieu indiqué, situé à l’autre bout de la ville. Le

Miadel

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Le matin de bonne heure, je partis en bus pour Miadel. Le ciel chargé de cumulus dispersés laissait largement apercevoir sa couleur bleue et le soleil. L’espace infini s’étendait à perte de vue pour se perdre au-delà de la ligne d’horizon et donnait l’impression d’un ciel vaste mais bas. Le bus arriva à la gare routière située à l’extérieur de la ville. Miadel compte 20.000 habitants et se trouve sur le bord du lac Batorin. Ce lac fait partie du groupe des lacs Narotch qui se trouve dans le raïon de Miadel. Le lac Narotch est, quant à lui, le plus grand du pays et couvre une surface de 80 km². Je rejoignis le centre-ville à pied. De là, j’aperçus le lac Batorin. Les bâtiments de la ville ne se trouvent pas directement en bordure du lac mais un peu en retrait et la distance qui me resta à parcourir pour atteindre le rivage me surprit. Les larges espaces entre la ville et le rivage me firent davantage penser à une ville nouvelle avec une configuration urbaine à l'opposé de cel

Smorgon - La ligne de front

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Lorsque du musée nous revînmes à la bibliothèque, Vladimir Ligouta informé par Boumaï de mon arrivée nous attendait dans le bureau. Nous avons échangé nos points de vue avant de se quitter en fin d’après-midi. J’en ai profité pour visiter le centre-ville. L’église calviniste de l’archange St-Michel que j’avais vue complètement détruite sur les photos prises après les bombardements a été reconstruite à l’identique et se trouve au bout de l’avenue principale. A une encablure de là se trouve l’église orthodoxe magnifiquement située dans un parc à proximité d’un plan d’eau. En début de soirée, nous partîmes visiter un cimetière militaire allemand situé dans la forêt de Smorgon. Boumaï s’était débrouillé pour emprunter la voiture à son fils et il tenait à me faire visiter quelques endroits qu'il jugeait en rapport avec mes recherches. L’hospitalité et la gentillesse des Biélorusses n’étaient pas mises en défaut. Le cimetière se trouvait dans une petite clairière entourée par une f

Smorgon

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Molodetchno et Smorgon sont distants d’une quarantaine de kilomètres à peine. Le bus filait sur une route secondaire traversant des paysages de prairies avec par-ci par-là quelque troupeau de vaches. Aux pâturages succèdent des forêts aux maigres bouleaux. On passe quelques rares villages aux isbas colorées. Ces maisons traditionnelles en bois et aux couleurs vives sont ornées de boiseries sculptées. Des palissades en bois entourent demeures et potagers. A un arrêt, une femme monta à bord, avec à chaque main un seau rempli à ras bord de baies rouges. Elle resta debout à côté du chauffeur, contente de soulager ses bras de son lourd chargement. Elle revenait peut-être des bois pour aller vendre les fruits de sa cueillette ou en faire de la confiture. Le soleil fit son apparition et tapait contre les vitres du bus. La chaleur devenait suffocante. Déjà, le bus pénétrait le bourg. Smorgon est une ville de 40.000 habitants. Elle avait été entièrement détruite par l’artillerie allemand

Molodetchno

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De Grodno, je retournai à Minsk pour aller à Smorgon, ma destination suivante. Minsk est le centre routier et ferroviaire à partir de laquelle la distribution en étoile se fait. Ainsi, il est parfois judicieux, voire nécessaire, de retourner dans la capitale pour repartir sur une autre branche de l’étoile. Molodetchno n’a été qu’une ville de transit. Hormis quelques églises et bâtiments publics dont le Palais de la Culture, elle ne m'a pas particulièrement séduite. Molodetchno se trouve sur la route qu’emprunta l’armée napoléonienne lors de la retraite de Russie après son passage de la Berezina. A cet endroit, eurent lieu de violents accrochages entre les cosaques russes et l’arrière-garde française. C'est en taxi, partagé avec d'autres voyageurs, que j'arrivai dans cette ville et quelques heures plus tard, je repartis en bus, pour Smorgon.

Grodno - Perle du Niémen

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Maison où le poète biélorusse Maksim Bogdanovitch a grandi. De la bibliothèque, je déambulai les rues étroites et j’aboutis sur la place Sovietskaya démesurément grande. Cette perception était d’autant accentuée que la place venait d’être refaite et les arbres qu’on y avait plantés étaient encore de taille modeste. De l’autre côté de la place, j’aperçus la cathédrale Saint François Xavier, majestueuse avec sa façade baroque blanche, construite par les Jésuites et toujours dévolue au culte catholique. Du côté droit la place verse vers le Niémen et les voilures en béton du théâtre dramatique se dressent avec arrogance vers le ciel. La place est fréquentée à toute heure de la journée et jusqu’à tard dans la nuit. Le soir venu, des groupes de jeunes se forment par-ci, par-là pour discuter ou pour des moments plus festifs. Le parc Gilibert commence non loin du Théâtre. Le soleil et la verdure éclatante participent avec les nombreuses familles en promenade à son animation. Ses allées

Grodno - Premier contact

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De Lida, le train m’emmena à Grodno, ville de 320.000 habitants située à une quinzaine de kilomètres seulement de la frontière polonaise. Une importante minorité polonaise y vit. Dans la voblast de Grodno, elle représente près du quart de la population. La ville s’étale sur un plateau surplombant le Niémen, à une position stratégique qui la ballotta successivement d’un état à un autre. Rien qu'au siècle dernier, elle était au début attachée à l’Empire russe, puis elle fût conquise par l’Empire allemand lors de la Première Guerre mondiale, cédée par la Russie bolchévique à l’Allemagne en 1918, proclamée capitale du premier état biélorusse indépendant, intégrée à l’état polonais, incorporée à l’Union soviétique et depuis 1993 à la République de Biélorussie. A mon arrivée, je ne suis pas tombé immédiatement sous le charme de la ville. L’intérieur du bâtiment de la gare a une atmosphère froide, peu de lumière naturelle y pénètre, la décoration est faite de motifs géométriques aux

Lida - J2

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Le lendemain, je remontai à pied Oulitsa Sovietskaya , l’artère centrale de Lida. En partant de l’hôtel on passe une église sur la droite, puis l'école pour enfants des Beaux Arts sur la gauche. Au bout de l’avenue, je bifurquai à droite et j’arrivai une centaine de mètres plus loin au lac artificiel dont une partie du rivage a été aménagé pour l'agrément et la baignade. Le temps était au beau fixe depuis mon arrivée à Lida, et de nombreuses familles s’adonnaient aux joies de la baignade, les enfants jouant au ballon pendant que les parents prenaient un bain de soleil sur la plage de sable. Sur le plan d’eau quelques barques fendaient les eaux plates. A côté de la plage, un coin de forêt aménagé en promenade, avec des allées bordées de marches disjointes en béton et des bancs aux lattes tordues par les rigueurs du climat, accueillait quelques rares promeneurs. Lida est une ville qui donne l’impression d’avoir souffert d’hypertrophie lors de la période soviétique et puis la fail

Lida

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L’après-midi, j’arrivai à Lida en train. C’est une ville de 100.000 habitants située dans l’ouest du pays entre Grodno et Minsk, elle fait partie de la voblast de Grodno. Après avoir quitté la gare, je traversai des quartiers populaires pour me rendre à la gastinitsa Lida , le seul hôtel de la ville, où j’avais prévu de séjourner. L’espace d’un instant, je me crus dans une ville d’Ukraine. Le contraste entre Minsk et Lida était saisissant. L’hôtel Lida est une barre parallélépipédique de six étages à la façade terne et monotone . A l’époque de sa construction, Staline devait être oublié et les architectes revenus sous le diktat de Khrouchtchev à un social réalisme tenant compte des besoins immédiats du peuple réalisent des constructions et oublient les considérations esthétiques. La marque qui fait la particularité de Minsk n’est quasiment pas visible ici. J’accédai au hall d’entrée de l’hôtel par un large escalier en fin de rénovation. Je m'approchai de la réception. Les r

Minsk - Le marché Komarovski

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En revenant de la bibliothèque, je passai au marché Kamarovski. C’est un marché alimentaire permanent ouvert tous les jours sauf le lundi. A l’extérieur se trouve le marché aux fruits et aux légumes. L’organisation n’est pas laissée au hasard, les marchands s’installent à des étals fixes parfaitement alignés en plusieurs rangées. En cette saison, les étalages sont colorés et richement achalandés. Les produits sont frais et odorants, on y trouve en quantité pommes de terre, carottes et choux, les principaux ingrédients de la cuisine traditionnelle biélorusse mais également des herbes, des poivrons, des tomates, des fraises, des cerises, des champignons et toutes sortes de baies. Quelques stands proposent des produits préparés, à l’un, j’ai goûté aux cornichons Malossol qui se déclinent sous différentes formes, à l'autre j'ai testé des salades de choucroute différemment préparées. Une petite zone regroupe quelques babouchkas portant des fichus colorés noués autour de la tête. Ell

Minsk - La Bibliothèque nationale

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Le lendemain matin, je me rendis à la Bibliothèque nationale pour démarrer les investigations. De la station de métro Plostchad Pobedy , la ligne bleue m’emmena à la station Vostok située à proximité de la bibliothèque. Dès la sortie du métro, on aperçoit le bâtiment surnommé par les Minskois « le Diamant ». L’imposant édifice, un bâtiment circulaire surmonté d'un polyèdre complexe, a été inauguré courant 2006. Le quartier de la bibliothèque est récent et la construction de nouveaux immeubles d’habitation se poursuit. Minsk possède un formidable pouvoir d’attraction sur les populations rurales et citadines des autres villes du pays. Les campagnes se dépeuplent progressivement et la capitale ne cesse de s’étendre par des quartiers périphériques nouveaux. Un phénomène universellement connu qui se répète depuis des décennies sur tous les continents mais qui ici est régulé par l’état. Arrivé dans le vaste hall d’entrée, je passai au guichet pour m’inscrire. En quelques minutes