Vilnius


Tard dans la soirée, l’avion qui m’amenait de Prague à Vilnius atterrit à l’aéroport international. Pendant que celui-ci effectuait sa descente, je pus apercevoir par le hublot les larges étendues planes de Lituanie parsemées de nombreux plans d’eau que le soleil couchant faisait scintiller. Il s’agissait probablement de bassins piscicoles ou d’étangs. Vilnius est encore loin du cercle arctique mais la luminosité et l’allongement des journées sont nettement perceptibles par rapport à la France.
Un taxi m’amena à mon hôtel situé à quelques centaines de mètres de la gare, sur un ancien site industriel soviétique se transformant le soir venu en un lieu de rencontre pour les jeunes de la ville. L’hôtel est neuf, très bien tenu et doté d'équipements modernes. Une installation wifi est disponible gratuitement. La Lituanie a fait de gros efforts pour égaler, voir dépasser le standard hôtelier des villes d’Europe de l’ouest. Elle n’a rien à envier à une ville comme Rome qui dispose encore d’une infrastructure hôtelière obsolète et très chère.
De bonne heure le lendemain, j’entrepris l’exploration du centre historique de la ville. Cette partie, située entre la rivière Néris au nord et la gare au sud, concentre un riche patrimoine architectural et historique.
Je déambulai le long de Gedimino Propektas, une avenue presque haussmannienne bordée de beaux immeubles cossus. Celle ci débouche à la place de la Cathédrale. L’imposant édifice est d’un blanc immaculé, son origine remonte au XIIIe siècle mais il a subi de nombreuses transformations pour arriver à l’apparence actuelle. Un beffroi d'une blancheur parfaite et séparé du bâtiment de la cathédrale complète l’ensemble. Après la place, j'arrivai au parc situé au pied du mont Gediminas. Les serpentements des allées ombragées incitent à la flânerie, la ville semble déjà loin.
Après avoir visité le quartier d’Uzipis, le Petit Montmartre, je traversai le pont enjambant la Vilnia pour revenir sur mes pas en direction de la vieille ville. Cette fois-ci, la balustrade en fer forgé du pont que j'avais ignoré lors de mon premier passage, attira mon attention. Des dizaines de cadenas sont verrouillés sur les colliers décoratifs. Je m’assis sur le banc face à l’ouvrage pour contempler cet enchevêtrement original d’anneaux métalliques. Au moment où je levai mon Nikon pour prendre une photo, j’entendis une voix féminine dire en anglais « Ce sont les couples qui au moment de leurs noces fixent un cadenas sur la balustrade pour sceller leur union. C’est une mode qui nous vient de St-Petersburg !» Je tournai la tête vers la voix et je vis une jeune femme à la chevelure brune et aux yeux noirs et brillants. Elle s’appelle Alissa et elle est ballerine à l’opéra de Vilnius. Le théâtre étant fermé depuis quelques jours pour la pause d’été, elle aime profiter de son temps libre pour se promener en ville. Nous avons sympathisé et je lui ai demandé si elle avait un peu de temps à me consacrer pour me faire découvrir quelques endroits de la ville. Elle acquiesça et m'entraîna vers la rue Maironio. Nous passâmes à côté de l'église Sainte-Anne, de style gothique, étonnante sous sa parure intégrale en brique rouge mais malheureusement en travaux. Nous traversâmes le parc pour arriver non loin de l’entrée de la cathédrale. Elle me montra une plaque métallique scellée dans le sol, le Stebuklas qui signifie miracle en lituanien. Elle m’expliqua qu’il fallait monter sur la plaque et tourner en rond tout en pensant à son voeu. Pour en faire la démonstration, elle se plaça au milieu de la plaque puis pirouetta avec une grâce toute naturelle et formula son vœu secret.
Elle m’emmena ensuite vers le square Rotušės pour me montrer une autre plaque métallique scellée cette fois dans le mur de ce qui pouvait être l’hôtel de ville. Une citation de G.W. Bush annonce : « Quiconque deviendra ennemi de la Lituanie deviendra ennemi des Etats-Unis d’Amérique ». Message rassurant pour cette jeune démocratie et prenant tout son sens pour un petit pays de moins de 4 millions d’habitants qui a souffert d’une soviétisation violente, avec la déportation en Sibérie d’un habitant sur 10 dans les années qui suivirent la Deuxième Guerre mondiale
En fin d’après-midi, je quittai Alissa près de la gare pour prendre le train pour Kaunas.

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